mardi 2 décembre 2014

De l’allaitement.

Je m’insurge.

Contre les hôpitaux et leurs normes statistiques qui font peur aux parents en leur disant « votre bébé a perdu plus de 10% de son poids, il faut passer à autre chose ». C’est-à-dire l’envoyer en néonatologie loin des parents, ou le complémenter avec du lait à la farine, et/ou refuser de faire rentrer les parents chez eux, et/ou leur demander de réveiller A-BSO-LU-MENT leur bébé toutes les 3 heures, de jour comme de nuit, sous peine de déshydratation complète, ou…
Comment voulez-vous que la mère produise du lait si on l’oblige à se réveiller toutes les 3 heures pour nourrir son bébé ? Comme si le stress occasionné par ce problème de poids n’ajoutait pas à la fatigue émanant de la fin de grossesse et de l’accouchement, rendant encore plus difficile la production et la 1ère montée de lait… ? M’enfin…

Contre la multitude d’informations données au sein des hôpitaux (un praticien=un avis) qui font qu’au bout d’un court séjour les jeunes parents se sentent complètement perdus, désorientés, ne sachant plus du tout quelle décision prendre et quel choix est le bon concernant la nutrition (et le sommeil) de leur progéniture.

Contre ces sage-femme qui se font avoir par le système en oubliant que la femme est faite pour allaiter, et que si bébé perd du poids même en rentrant chez soi c’est peut-être parce qu’il prend des compléments au biberon, qu’il tête une tétine, et que sa façon de prendre le sein n’est peut-être pas efficace. Et qui ne se battent pas pour rétablir l’ordre naturel des choses « il faut le complémenter, c’est évident ! Regardez sa courbe ! » Si la courbe le dit…

Contre cette centration sur la « préparation à l’accouchement » alors que RIEN n’est dit, ou beaucoup trop peu, sur l’après, les douleurs, la gestion de la douleur physique, émotionnelle, ce à quoi la femme-mère doit faire face. Ha si, j’oubliais, la question souvent posée, de manière froide : « avez-vous eu votre baby blues ? » Super… « Et sur une échelle de 0 à 10, vous avez mal comment ? –Heu… 5 ? –Ha, c’est mieux que hier alors, vous étiez à 6 »…. Soupir…

Contre cette contradiction entre les recommandations de tous ceux qui prônent le bon développement de l’enfant avec la toute puissance du lait maternel, et la difficulté non résolue à mettre en œuvre cet allaitement… qui ne va pas de soi.

Contre tous ces discours qui proposent comme solution à tout mettent le lait à la farine, parce que tout simplement l’allaitement demande d’être courageux, et de se battre les premières semaines. Société de consommation à la C**.

Contre ces pédiatres qui prennent de haut parfois en manipulant l’enfant comme un objet, en s’assurant bien du bon fonctionnement des réflexes archaïques, certes, mais qui demandent presque avec dédain à leur assistant de leur enlever et leur remettre la couche du petit objet à manipuler, là, avec ce geste et cette grimace presque perceptibles… Et tout ceci dans un temps chronométré, comme s’il fallait vérifier le fonctionnement de toutes ces nouvelles petites machines avant l’heure de pointe…

Contre ces médecins traitants, qui n’auscultent plus, qui n’y connaissent rien et ne sont pas fichus de l’avouer ou de renvoyer vers quelqu’un de plus compétent, et qui, en cas de fièvre pendant l’allaitement, ne savent que prescrire des antibiotiques. « Vous dites que vous avez l’impression que la fièvre augmente lorsque vous avez des montées de lait ? Ha… » Fort heureusement ils s’assurent de la compatibilité médicament-allaitement. Oufff…  « ça devrait guérir la fièvre et les maux de tête ». Ha, ça devrait. C’est déjà ça ! Mais si le problème pouvait être résolu autrement ?*

Contre ces médecins du SAMU, contre les secrétaires des hôpitaux, contre les médecins peureux, qui vous répondent en cas de fièvre «de ne surtout PAS allaiter votre enfant », et ce de manière catégorique, sous peine de lui transmettre LE problème… alors qu’ils ne vous demandent rien d’autres sur vous, sur d’autres éventuels symptômes…*

Contre ces discours, encore, qui affaiblissent les mères déjà fatiguées de l’accouchement, les laissant dans une sorte de culpabilité lorsqu’elles « abandonnent » devant l’ampleur de la tâche de l’allaitement. Parce qu’on leur dit qu’elles n’ont pas assez de lait. Parce qu’on leur dit que leur lait n’est pas nourrissant. Parce qu’elles entendent trop de choses négatives. Comment peuvent-elles penser qu’elles seront des bonnes mères, si dès les premières heures, jours, semaines, elles entendent qu’elles ont un problème et qu’elles ne peuvent pas nourrir leur enfant ?

Contre ce système qui permet tout ça.

Comment peut-on, en effet, s’installer dans ce nouveau rôle de mère alors que, dès le départ, le sentiment d’estime de soi, d’assurance, de confiance en chacun de nos actes est complètement détruit par le fait de ne pouvoir, déjà, nourrir nos propres enfants ?

A quoi sommes-nous bonnes, si, après avoir engendré, nous ne pouvons offrir davantage que n’importe quelle personne ? Qu’est-ce qui nous différencie de la personne lambda qui prendrait l’enfant dans ses bras, avec le même amour que nous ?

Je repense à ces larmes sur un visage « l’ostéopathe m’a dit que mon lait ne nourrissait pas assez… Je dois lui donner du lait à la farine… »
Je repense à ce message sur mon téléphone « la sage-femme m’a dit que je n’avais pas assez de lait… je dois le complémenter… Je crois que je vais abandonner… »


Et si on n’avait pas TOUT de suite donné en biberon des quantités fortes de lait au nouveau-né ? Si on lui avait laissé le temps de prendre le sein ? Si la maman avait eu du temps, avec une sage-femme et son petit, ou même seule, uniquement, pour régler le problème…
Et si le problème ne venait pas de ce chiffre, ce fameux 10% de perte ?

*Et si je n’avais pas eue une gynéco GENIALE qui répondant à mes messages alors qu’elle se trouvait en vacances, me conseillait de masser le sein car j’avais sûrement un engorgement et que la douleur à mon sein venait sûrement de là, et que s’il n’y avait pas de pus je pouvais sans crainte pour l’enfant continuer d’allaiter ?

Et si je n’avais pas rencontré cette sage-femme GENIALE qui lors de la préparation à l’accouchement, alors qu’elle nous demandait les unes après les autres si nous souhaitions allaiter et qu’à nos réponses tatillonnes « si j’y arrive, oui » elle répondait avec grande assurance « C’est soit OUI, soit NON. 99,9% des femmes qui souhaitent allaiter y parviennent. Les problèmes de lait sont d’une extrême rareté. »

Et si je n’avais pas rencontré cette autre sage-femme GENIALE (comme quoi je ne m’insurge pas contre toutes !) qui me disait par téléphone, alors que je lui décrivais mes maux de tête, fièvre et douleurs au sein que le problème était tout simplement lié à mon engorgement et que parfois, en plus de masser le sein avec la paume de la main vers le mamelon pendant que mon bébé tétait (ou pendant l’action du tire-lait), un changement de position du bébé lors de la tétée pouvait désengorger le lait en libérant les canaux obstrués ?

Et si j’avais eu comme informations seulement ces gens qui ont peur, qui disent non, qui abandonnent en nous envoyant tout de suite vers LA solution de facilité, le biberon à la farine, aurai-je allaité mes deux enfants ? Et quel sentiment de mère aurai-je développé aux prémices de ce nouveau rôle ?


Bien sûr, on se fait à tout. Et on sait bien, fort heureusement, que le sentiment d’être une BONNE MERE se construit dans le temps, et qu’il vaut mieux donner du biberon à la farine (ce que je fais maintenant) et être heureuse, épanouie, reposée et aimante plutôt qu’allaiter en buvant de l’alcool, fumant clope sur clope et se bourrer d’amphétamines entre des lignes de coke (tant qu’à faire).

Donc oui, tout ceci est à repositionner, comme toujours dans un contexte.

N’empêche que, je m’insurge quand même.


Et encore, je n’ai parlé que du lait.

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