dimanche 1 février 2015

Pollution langagière, comment faire ?

Imaginez la situation suivante :

Vous êtes invitée chez une cousine l'espace d'une nuit.
Vous y allez, votre cher et tendre vous souhaite une bonne route, de bien profiter, puis vous vous dites au lendemain.
A minuit, alors que vous rentrez du spectacle surprise qu'elle vous a préparé, vous décidez d'envoyer un petit message photo à votre chéri.
Ce que vous faites, à minuit 30, alors que vous rentrez tout juste, que vous avez faim et que vous êtes toutes deux fatiguées.
Une nuit courte, un réveil tôt, vous raccourcissez votre journée à l'extérieur pour rentrer plus tôt, contente de revenir près de votre famille.
Vous envoyez un message sur la route pour prévenir de votre retour anticipée, puis vous arrivez.

Et là, alors que vous vous approchez de votre chéri tout sourire et contente de le retrouver, il vous regarde froidement, un mouvement de recul de la tête, puis vous demande, aussi sec : "ça va ? Tu t'es bien amusée ?"
???
Ne comprenant pas ce premier abord glacial, vous le questionnez : "heu, qu'est-ce qu'il y a ?"
"ça va ? Tu t'es bien amusée ? C'était bien ta petite soirée avec tes potes ???"
????
Yeux écarquillés, complètement abasourdie, et vous continuez, complètement scotchée tandis qu'il continue de vous accuser des mille et un torts que vous avez commis cette nuit et alors qu'il ne veut pas du tout écouter ce que vous avez vraiment fait.

Que faites-vous ?
1-Vous vous énervez en disant que c'est n'importe quoi, qu'il ne vous fera jamais confiance, qu'il ne changera jamais...
2-Vous essayez de comprendre pourquoi il pense ça...
3-Vous répliquez sur un ton cynique que oui, c'était GE-NIAL, et que vous vous êtes carrément éclatée, c'était la plus grosse soirée de votre vie...
4-Vous sortez de la pièce pour pleurer un peu devant tant d'incompréhension de sa part en vous demandant ce que vraiment vous avez fait pour vous retrouver tous les deux.
5-Vous montrez que ça ne vous touche pas du tout et vous repartez défaire vos sacs et checkez vos mails comme si de rien était...

Alors ?
Vous êtes plutôt quel type ?

L'un, l'autre ? Un peu tous ?

De mon côté, je me suis énervée (1). Dans ma tête.
Puis je l'ai questionné (2).
J'ai appris qu'il avait reçu mon message à 5h du matin, concluant que je lui avais envoyé à 5h en sortant d'une grosse grosse soirée. J'apprends aussi qu'au choix, il préfère croire son portable. Pourquoi en effet dirais-je la vérité ?
Puis j'ai voulu me défendre, cherchant une preuve de mon "innocence" (bien que déjà je trouve insupportable de devoir me justifier).
Là aucune, puisque mon téléphone ne mémorise que les 20 derniers messages envoyés et qu'entre temps j'en avais envoyé d'autres.
Je me suis dit que j'allais demander à ma cousine, et puis non. ça n'aurait servi à rien, en effet elle aurait tout aussi bien pu faire partie du MENSONGE.
Alors je suis partie, et pendant quelques secondes les larmes me sont montées aux yeux (4).
Puis je suis revenue, lui ai expliqué qu'il me rendait vraiment triste, que j'étais blessée à chaque fois qu'il ne me croyait pas, et que et que et que... je devais faire une sieste parce que j'étais fatiguée.
Alors il me dit "couche-toi là avec moi"...!

Non. Impossible.
Blessée dans mon fort intérieur, n'ayant entendu aucune excuse de sa part, je devrai néanmoins me coucher près de lui s'endormir les bras dans les bras ?
Non. Mon corps ne ment pas non plus.

Les bébés se réveillaient, je suis allée les voir, puis j'ai enchaîné. A jouer avec eux, à ranger, à leur faire prendre leur bain... jusqu'à ce qu'il s'en aille, que son neveu arrive et que je doive mettre un terme au rangement et à l'anticipation de la semaine à venir...

Qui a dit que "la liberté consiste moins à faire sa volonté qu'à ne pas être soumis à celle d'autrui" ?
Je suis prisonnière.
Non pas de rester chez moi à m'occuper de mes enfants, non.
Je suis dans une prison langagière, où les sautes d'humeur sont récurrentes, où l'alcool est le premier loisir, où ma liberté intérieure est abîmée quotidiennement par la pollution des paroles, des reproches, des jugements, des non-croyances.

Une prison, ou tout du moins une pollution orale.
Car comment faire fi de ces phrases qui me sont destinées ?
Comment les accueillir avec bonté et amour ?
Comment faire pour ne pas répliquer du tac au tac à chaque fois ?
Comment faire pour ne pas entendre le ton sec, l'agression, mais la tendresse qu'il y a derrière et la peur de l'autre ?
Comment faire pour libérer mon espace créatif alors que je ne suis pas dans une situation de confort affectif ?

Je ne suis pas sourde.
J'entends.

Et je suis blessée, fondamentalement, chaque jour un peu plus.
Tout en sachant que la fuite n'est pas la solution du moment.

Alors ?







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